Image: © Jiro Sakaue, SCRFA
Pour obtenir de plus amples informations sur les concentrations de reproducteurs, veuillez télécharger la fiche d’information élaborée par le Réseau d’aires marines gérées localement (Locally-Managed Marine Area Network) et la CPS.
Qu’est-ce qu’une concentration de reproducteurs ?
Le terme « concentration de reproducteurs » désigne le regroupement, chez certaines espèces de poissons, d’un grand nombre d’individus dans une même zone et à une période donnée pour pondre et féconder des œufs. Lors de leur éclosion, ces œufs libèrent des larves qui se transformeront ensuite en juvéniles avant d’atteindre le stade adulte. Ce phénomène est généralement très prévisible, car il se produit chaque année, souvent à la même période et dans les mêmes zones.
Gestion et protection des espèces
Les pêcheurs locaux ont un rôle majeur à jouer dans la gestion des pêcheries de poissons formant des concentrations de reproducteurs, car ils savent généralement quelles espèces sont concernées, et connaissent les périodes et les sites de frai.
Étape 1 : sensibiliser
La première étape consiste à organiser des réunions communautaires pour s’assurer que tous les membres sont conscients de l’importance des concentrations de reproducteurs pour une ressource halieutique durable. Tous les pêcheurs locaux doivent participer à ces réunions, car il est indispensable de recenser tous les sites de concentration et toutes les périodes de frai pour une gestion plus efficace.
Des agents des services des pêches ou d’ONG peuvent animer les réunions et apporter des conseils techniques, mais il se peut que les pêcheurs locaux soient réticents à l’idée de dévoiler les lieux de reproduction à des « étrangers ». Dans le cas où la communauté désire garder ces informations confidentielles, les agents extérieurs doivent respecter ce choix. Les réunions communautaires doivent apporter des réponses aux interrogations suivantes :
Quelles espèces se regroupent pour se reproduire ? Définir des priorités pour protéger les espèces les plus menacées.
Que sait-on des cycles biologiques des espèces concernées ?
Où ont lieu les concentrations de reproducteurs et combien de sites différents y a-t-il ?
Quand les bancs de reproducteurs se forment-ils ? Une fois par an ou plus ? À la même période chaque année ? Durant quelle phase de la lune ?
Quelle est la durée de chaque concentration de reproducteurs ?
Quelles mesures de gestion peut-on envisager ?
Comment ces mesures peuvent-elles être appliquées ?
Étape 2 : édicter des règles
La seconde étape consiste à élaborer un plan de gestion des espèces concernées. Il faudra interdire la pêche, ou au moins la limiter, à la fois lorsque les poissons migrent vers les aires de reproduction et lorsqu’ils y sont regroupés. Cela implique de fermer ou de restreindre la pêche dans certains sites à des périodes données.
Si l’interdiction pure et simple de la pêche des poissons en période de frai ne fait pas consensus, une autre possibilité, bien que moins efficace, serait de limiter l’utilisation de méthodes de pêche excessivement performantes. Par exemple, les filets, harpons et pièges pourraient être interdits, tandis que les hameçons appâtés pourraient être autorisés pour un nombre limité de pêcheurs. Cependant, toute pêche dans les concentrations risque de perturber les géniteurs et de diminuer le succès de la reproduction.
Idéalement, la protection des concentrations de reproducteurs devrait faire partie d’un plan de gestion plus large prévoyant la protection de tous les stades du cycle biologique des poissons et de leurs habitats. Ainsi, le fait d’imposer et de faire respecter une taille minimale de capture pourrait permettre à davantage de petits d’atteindre la taille nécessaire pour se reproduire. Les mesures de gestion applicables aux différentes espèces sont examinées dans les fiches d’information sur la gestion communautaire des ressources halieutiques de la CPS.
La protection des habitats est un volet indispensable à tout plan de gestion. La création de réserves ou de zones interdites à la pêche, placées sous la responsabilité des communautés, pourrait par exemple contribuer à la protection des habitats essentiels à nombre d’espèces et même protéger les frayères de certaines espèces.
Quelles espèces se regroupent pour se reproduire ?
Chez beaucoup d’espèces, les individus se rassemblent pour se reproduire ou migrent en grands groupes vers les zones de reproduction, ou frayères. Dans les pays océaniens, ce phénomène concerne notamment les mérous, les vivaneaux, les mulets, les perroquets, les carangues, les chirurgiens, les sigans, les empereurs, les rougets et les maquereaux.
La plupart des espèces qui se rassemblent en période de reproduction vivent dans des zones différentes selon les stades de leur cycle de vie. Par exemple, chez un grand nombre de poissons coralliens, œufs et larves dérivent au-delà du récif avant de revenir vers des eaux peu profondes et de se fixer dans la zone récifale où ils grandissent et atteignent le stade adulte. Généralement, les concentrations de reproducteurs sont de courte durée (entre 2 et 7 jours) et se forment aux alentours de la pleine lune ou de la nouvelle lune.
Le regroupement des reproducteurs augmente les chances de reproduction, ce qui explique très probablement pourquoi autant de poissons différents se rassemblent en période de frai. En effet, chez de nombreux animaux marins, dont 96 % des poissons, la reproduction est externe : sperme et œufs sont émis dans l’eau.
Le rassemblement en période de reproduction permet aux individus mâles et femelles, habituellement dispersés, de se retrouver ensemble dans une même zone. Une grande concentration de mâles et de femelles dans une même aire de reproduction permet la compétition et la sélection intersexuelle et augmente les chances de fécondation des œufs à la dérive par le sperme.
Le phénomène pourrait aussi s’expliquer par la situation des frayères, exposées aux courants permettant aux larves de dériver vers le large et d’échapper aux prédateurs côtiers. Ou alors, les frayères pourraient être situées de sorte que les courants ramènent les larves vers les populations adultes génitrices et leur habitat récifal.
Chez la plupart des espèces, la concentration de géniteurs est essentielle pour la reproduction. Or, le nombre de rassemblements par espèce et par aire de reproduction est très faible. Chacun de ces rassemblements est donc très important.
Lorsque les poissons se regroupent en masse à des périodes et dans des lieux prévisibles, il est bien plus facile de les pêcher que lorsqu’ils sont éparpillés dans de vastes zones. Les bancs de géniteurs constituent des proies faciles pour les pêcheurs utilisant des filets, des palangrottes, des harpons ou des pièges.
Pêcher les poissons lorsqu’ils se regroupent pour se reproduire a un effet dévastateur, car ces géniteurs ont pour fonction d’engendrer des petits, dont beaucoup grandiront et pourront être pêchés par la suite. Dans de nombreuses régions du monde, l’exploitation des concentrations de reproducteurs a provoqué la disparition totale de certaines espèces dans des zones localisées.
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Pour obtenir de plus amples informations sur les concentrations de reproducteurs, veuillez télécharger la fiche d’information qui leur est consacrée.