Image: © Pierre Boblin, SPC
Pour obtenir de plus amples informations sur les poissons herbivores, veuillez télécharger la fiche d’information élaborée par le Réseau d’aires marines gérées localement (Locally-Managed Marine Area Network) et la CPS.
Poissons herbivores
On qualifie les poissons se nourrissant de végétaux d’herbivores. Parmi les poissons herbivores des récifs coralliens, on trouve les perroquets, les demoiselles, les sigans, les nasons et les chirurgiens. Certains herbivores sont moins faciles à observer, car ils sont petits et ont tendance à s’enfouir, tels que les blennies. Quant aux mulets, ils fréquentent moins les récifs coralliens, mais ils forment parfois des bancs au-dessus des herbiers dans les lagons et les zones côtières peu profondes.
Mesures et solutions de gestion
Aidés et conseillés par les autorités locales, des ONG ou des organisations régionales, les membres de la communauté peuvent débattre autour des questions suivantes :
Dans quel état se trouvent les récifs coralliens environnants ?
Un récif surpeuplé de grandes algues peut être en danger. Il se peut en effet qu’il soit en cours de transformation, passant d’un récif corallien à un récif d’algues. Les récifs coralliens sains ne sont dotés que de petites parcelles d’algues gazonnantes et de quelques grandes algues.
Si les grandes algues sont dominantes dans le récif, quelles en sont les causes ?
Bien que la surabondance de nutriments, provenant par exemple des déchets humains ou animaux, puisse être en partie responsable de la croissance excessive des végétaux marins, la surpêche des poissons herbivores en est souvent la première cause.
La population des espèces herbivores clés a-t-elle évolué ?
Les pêcheurs locaux peuvent déterminer si les populations d’herbivores ont évolué en comptant le temps qu’il leur faut pour capturer un panier de perroquets ou une « ficelle » de chirurgiens, par exemple. S’il leur faut plus de temps qu’auparavant pour attraper une espèce précise, alors les individus de cette espèce se trouvent sûrement en plus petit nombre.
Pour protéger les récifs coralliens, il faudrait que la protection des poissons herbivores se trouve au cœur des mesures de gestion. Voici quelques actions essentielles :
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Réduire la pêche des espèces herbivores : Il est par exemple possible d’interdire les harpons pour pêcher de nuit le perroquet et le chirurgien. La pêche au harpon en plongée autonome devrait être interdite en permanence.
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Interdire, ou au moins réduire, la pêche en période de frai : De nombreux poissons herbivores, dont les chirurgiens, les perroquets et les sigans, forment des concentrations de reproducteurs. Il est primordial d’interdire, ou au moins de réduire, la pêche de ces espèces en période de frai.
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Créer des réserves marines : La création de réserves marines (ou zones d’interdiction), où la pêche est interdite, permettra le repeuplement des espèces. Grâce aux brouteurs, particulièrement aux perroquets, de nouvelles zones disponibles pour la fixation du corail se formeront. Il a été prouvé que la présence de brouteurs dans les réserves marines doublait le nombre de coraux se fixant sur les substrats durs.
Il est essentiel qu’une grande variété d’herbivores se nourrissant de différents types d’algues peuple les récifs coralliens, pour assurer la bonne santé de ces derniers et ce que l’on appelle la résilience des récifs, c’est-à-dire la capacité des récifs à recouvrer leur état initial après avoir été sévèrement endommagés par des cyclones, des blanchissements de coraux ou des invasions d’acanthasters. Sans les poissons herbivores, les algues domineraient rapidement l’espace et les communautés coralliennes pourraient ne pas se rétablir.
Les poissons se nourrissant d’algues diverses et variées sont nombreux. Certains d’entre eux ont la particularité de ne consommer que certaines algues spécifiques.
Les sigans et les chirurgiens se nourrissent des tapis d’algues vertes gazonnantes poussant sur les substrats durs. Certains poissons, comme les demoiselles, sont territoriaux, c’est-à-dire qu’ils défendent âprement leur parcelle d’algues. Les chirurgiens bagnards forment des bancs à travers les récifs lorsqu’ils se nourrissent, et il semblerait qu’ils utilisent leur supériorité numérique pour éloigner les demoiselles. Les nasons et les chirurgiens consomment les algues brunes, dont la padine, la sargasse et Turbinaria.
À l’aide de leurs mâchoires rappelant le bec d’un perroquet, certains poissons-perroquets creusent les débris de coraux, tandis que d’autres se nourrissent de coraux et de diverses algues, dont les algues filamenteuses et les Halimeda, dures et calcifiées. Lorsqu’ils broutent le corail, ils digèrent également le tissu corallien.
Certains poisons s’alimentent à la fois de végétaux et d’animaux ; on les appelle « omnivores ». Par exemple, les mulets mangent de petits animaux lorsqu’ils sont jeunes, puis des plantes à l’âge adulte.
Les végétaux sont des producteurs primaires, c’est-à-dire qu’ils produisent de la nourriture directement à partir de la lumière, du CO2 et des nutriments présents dans l’eau. Les poissons et les autres animaux se nourrissant de végétaux sont à leur tour consommés par les poissons carnivores (qui se nourrissent de chair de poisson), tels que les vivaneaux, les mérous et les carangues. Les herbivores représentent un maillon essentiel dans la chaîne alimentaire, car ils font le lien entre les végétaux et les poissons importants, souvent plus gros, destinés à la consommation humaine.
En outre, les poissons herbivores jouent un rôle primordial dans la santé et la survie des récifs coralliens. La plupart des végétaux poussant plus vite que le corail, ils s’imposent rapidement sur n’importe quelle surface nue. Sans la présence des herbivores, les algues :
- monopoliseraient tout l’espace disponible ;
- pousseraient plus vite que le corail et le priveraient de la lumière qui lui est capitale ; et
- endommageraient le corail à force de frottements.
Le récif est source d’habitats et de nourriture pour la faune marine, ressource alimentaire dont dépendent les communautés de pêcheurs. Si les algues prennent la place du corail, les récifs n’abriteront plus les mêmes variétés d’espèces. C’est ce qui se produit dans de nombreux endroits du monde, souvent à cause de la surexploitation des poissons herbivores, qui décime les populations.
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