01. Fermetures temporaires

En quoi consistent les fermetures temporaires ?

La fermeture temporaire est un outil de gestion halieutique qui consiste à interdire temporairement la pêche et le prélèvement de ressources marines particulières et/ou dans un environnement marin particulier, à une période donnée.

 

Pourquoi imposer des fermetures temporaires ?

Les fermetures temporaires permettent de protéger les espèces marines, en particulier en période de reproduction. On utilise notamment ce type de mesures pour permettre aux espèces marines de frayer sans être dérangées.

 

Quels types de fermetures peut-on appliquer, à quelles périodes et dans quelles zones ?

 

• Interdiction de pêcher pendant la saison de reproduction pour protéger les principaux sites de reproduction

De nombreuses espèces marines migrent, souvent à une période particulière de l’année, pour se rassembler en un lieu bien défini, que l’on appelle site de concentration des reproducteurs. Comme on le voit dans l’illustration ci-dessous, les poissons forment une concentration de reproducteurs et émettent une grande quantité d’œufs et de spermatozoïdes dans une zone relativement petite, ce qui accroît les chances de fécondation.

Les lieux de rassemblement des reproducteurs des différentes espèces de poisson sont généralement bien connus des communautés et font partie du corpus des connaissances traditionnelles locales. Bien que ces sites se trouvent parfois loin des communautés locales, il est important de les protéger au moyen de fermetures temporaires.

Il est bien connu que certaines espèces, telles que les mérous, les vivaneaux, les empereurs, les labres, les perroquets, les chirurgiens et les carangues, migrent pour former des concentrations de reproducteurs. En général, les spécimens se regroupent à la nouvelle lune ou à la pleine lune pendant la saison de reproduction. Ils rejoignent souvent les passes des récifs où les courants sont forts, ce qui facilite le transport à grande distance des œufs fécondés et des larves.

• ​Interdiction temporaire pour lutter contre la ciguatera

Les fermetures temporaires peuvent aussi être décrétées aux périodes où certaines espèces marines sont toxiques pour l’être humain. C’est le cas par exemple quand la consommation de poisson est associée à un risque élevé de ciguatera, véritable problème de santé publique dans le Pacifique. La ciguatera est liée à l’apparition de plantes dérivantes de très petite taille (phytoplancton) proliférant par périodes. C’est ce que l’on appelle une efflorescence phytoplanctonique.

 

• A. Le phytoplancton toxique évolue dans les herbiers.

• B. En raison de l’abondance accrue de nutriments (peut-être libérés par les récifs coralliens endommagés), le phytoplancton foisonne. Les toxines s’accumulent dans la chair des petits poissons brouteurs.

• C. Les poissons carnivores mangent ces petits poissons et accumulent ces toxines en plus grandes quantités.

• D. Le poisson contaminé est consommé par une personne, qui contracte la ciguatera.

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Les communautés de pêcheurs savent généralement à quelles saisons le risque de ciguatera est le plus élevé. On peut donc interdire la pêche de certaines espèces particulières à ces périodes.

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• Rotation de l’activité de pêche pour les organismes se déplaçant peu

Pour protéger certains organismes marins de la surpêche, il est possible de mettre en place un système de rotation de la pêche : les différentes zones de pêche sont tour à tour ouvertes puis fermées afin de permettre aux populations et aux habitats de se régénérer. Une grande zone marine peut être divisée en petites zones, où la pêche sera ouverte tour à tour pour une période d’un an. Si, par exemple, ces petites zones sont au nombre de quatre, chacune d’entre elles sera protégée pendant trois ans au cours desquels les populations pourront se reconstituer et les poissons pourront grandir. Dans l’illustration ci-dessous, la zone 1 est ouverte à la pêche, tandis que les trois autres sont fermées. L’année suivante, c’est la zone 2 qui est ouverte, alors que les zones 1, 3 et 4 sont fermées.

La rotation de la pêche est une mesure particulièrement adaptée aux espèces se déplaçant peu, comme certains poissons de récif, holothuries, oursins et mollusques. Les effets de la pêche sur l’environnement sont aussi susceptibles d’être moins importants si les zones de pêche sont protégées et bénéficient de périodes de repos pour se régénérer. Cette mesure peut par exemple être appliquée dans les lieux fréquentés par les femmes pour la pêche de mollusques. Certains platiers récifaux ou vasières abritant des mollusques seront fermés temporairement, tandis que d’autres seront ouverts à la pêche. C’est ensuite un autre secteur qui sera exploité, le ramassage étant temporairement interdit dans les autres zones.

Année 1

Année 2

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Comment mettre en place des fermetures temporaires ?

Les communautés savent à quelles périodes et dans quels lieux la fermeture temporaire de la pêche offre la meilleure protection aux organismes marins en frai, et connaissent la toxicité saisonnière de certains poissons. Dans de nombreux États et Territoires, la frange littorale est placée sous la responsabilité traditionnelle des communautés et ces dernières peuvent veiller au respect des interdictions de pêche dans les zones fermées temporairement à la pêche. La délimitation spatiale et temporelle des fermetures incombe à la communauté, qui prend ses décisions après consultation des membres de la communauté et des personnes qui pêchent dans les zones sujettes à fermeture temporaire, dans la mesure où les ressources marines sont pour beaucoup essentielles à la sécurité alimentaire.

Le choix de la période d’interdiction de la pêche et des prélèvements dans une zone particulière dépendra des connaissances relatives au début de la saison de reproduction. Pour obtenir ces informations, on peut observer les organes reproducteurs ou gonades des organismes marins au moment où les membres de la communauté nettoient leurs prises (voir l’illustration ci-dessous). Les gonades mâles sont pâles et fines, tandis que les gonades femelles sont généralement plus grandes et orangées. La présence de gonades enflées chez la femelle est un bon indicateur du déclenchement imminent de la ponte.

Quels sont les avantages, les inconvénients et les limites propres aux fermetures temporaires ?

La protection des organismes marins en frai et l’interdiction de pêcher et de prélever des spécimens pendant les périodes de reproduction permettent de garantir leur contribution à la génération suivante. S’agissant des inconvénients, citons notamment le fait que le début de la saison de reproduction varie d’une espèce à l’autre et peut être décalé d’une année à l’autre en raison des fluctuations environnementales. Il est préférable que la communauté puisse modifier le calendrier des fermetures temporaires, car les pontes ne se produisent pas systématiquement à la même période.

Il est bien connu que certaines espèces migrent pour former des concentrations de reproducteurs, comme les carangues, les empereurs, les chirurgiens, les mérous, les vivaneaux, les perroquets et les labres.

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Comment savoir si les fermetures temporaires sont efficaces ?

• Dans la mesure où les fermetures temporaires protègent les adultes, l’apparition tôt ou tard de grands nombres de juvéniles est le signe d’efficacité le plus évident. On peut ensuite fixer des tailles minimales de capture pour protéger ces juvéniles et leur permettre de grandir.

• On note que de plus en plus de pêcheurs et de pêcheuses respectent la réglementation et s’abstiennent de pêcher ou de prélever des ressources dans les zones fermées.

• Si la fermeture temporaire vise à prévenir la ciguatera, la baisse du nombre d’habitants nécessitant une prise en charge médicale sera un indicateur raisonnable d’efficacité.

• La fermeture temporaire de zones particulières, accompagnée de la rotation de l’activité de pêche, devrait entraîner une augmentation des captures.

 

Quelles autres mesures de gestion peut-on adopter en complément ?

Il est nécessaire de mettre en place de solides programmes de sensibilisation et d’application de la réglementation au niveau communautaire pour garantir l’efficacité des fermetures temporaires. Il est aussi important de respecter les tailles minimales de capture et d’éviter les espèces interdites à la pêche.

Respect des tailles minimales​

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